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CANARD ENCHAINÉ 🦆🦆🦆 : APRÈS LE GOLF, TRUMP JOUE AU RACKET !

L’éditorialiste Erik Emptaz écrit son article sur l’accord bancal entre l’Europe et les États-Unis.

LES DOUANES DANS LE NEZ !

C’est la vieille histoire de l’homme qui paraît content de se faire taper sur la tête avec un marteau. Quand on lui demande pourquoi, il répond : « Parce que ça fait du bien quand ça s’arrête. » Trump et l’Europe, c’est un peu cela.

Sauf que, là, il s’agit d’une femme, Ursula von der Leyen, et qu’elle encaisse des coups non pas de marteau mais de club de golf.

Ça s’est passé dimanche 27 juillet 2025 à Turnberry, en Ecosse, sur un green dont Donald Trump est le propriétaire. Il a fait de grands moulinets verbaux, prêt à cogner comme un malade, en menaçant l’Europe de droits de douane massue à 30%, voire plus.

Il a laissé imaginer la douleur, puis joué, comme à son habitude, à celui qui négocie, puis « cédé » en annonçant la moitié.
Même pâle et sonnée, Ursula von der Leyen n’a pas caché sa joie pour l’Europe et a remercié poliment : 15%, ça fait mal, mais, à côté des 30% annoncés, c’est comme un vrai soulagement. Trump s’est aussitôt rengorgé et lui a tendu la main sans craindre d’en rajouter en lui assurant que c’était « Le plus grand deal jamais passé ». Une dramaturgie d’émission de téléréalité qui était juste la réalité dans toute sa brutalité.

D’autant que le président américain ne s’est pas contenté d’en rajouter dans la théâtralité, il a aussi lourdement chargé son jeu sur les conditions. Certes, il s’est montré coulant en épargnant le matraquage au secteur aéronautique, ce qui l’arrange, évidemment. Mais, aux 15% de taxe sur la majorité des produits importés aux États-Unis, Trump a ajouté quelques obligations supplémentaires pour les Vingt Sept dont nous sommes.

À commencer par celle d’acquérir « une énorme quantité » de matériel militaire américain. Et celle d’acheter en plus grande quantité encore des produits énergétiques, dont du gaz de schiste et des hydrocarbures : une dédicace « Maga » aux écolos européens.

600 milliards pour les armes, 750 milliards pour les énergies fossiles, dont par ailleurs, nous n’avons nul besoin, le tout en trois ans.

Souriez, c’est signé. Tout le monde est content. On applaudit bien fort et on redit merci, Donald, ça, c’est du deal !

Bien sûr, le deal en question ne manquera pas d’occasionner quelques dégâts du deux côtés de l’Atlantique, mais dans l’immédiat, plus du côté de européen.

Même si le risque principal, celui que ces surtaxes se répercutent au bout du compte sur le consommateur, est partagé, c’est la loi du plus fort qui est entré en vigueur. Et, pour l’heure, le plus fort a l’air de tout gagner. Les surtaxes de Trump, qui semblaient encore voilà peu totalement allumées, ne choquent plus grand monde, d’autant que, depuis le début de l’année, 100 milliards de dollars sont déjà rentrés dans les caisses du trésor américain.

Et, dans le même temps, l’Europe s’est vite résignée. Au point même d’encenser cet accord en forme de pis-aller, préférant ce genre de deal bancal à une guerre commerciale. Et en répétant l’antienne des pays qui commercent les plus avec les États-Unis : Allemagne, Italie, Irlande… selon laquelle mieux vaut se coucher que de risquer de mauvais coups dans une surenchère douanière.
Les mêmes, et les mêmes marchés s’ajoutent que, bien que l’accord soit déséquilibré, au moins l’Europe est fixée, et que cela vaut mieux que l’instabilité.

Comme si Trump ne continuait pas d’incarner cette instabilité en restant aussi imprévisible que brutal et en s’asseyant sur les règles du commerce international. C’est dire que, si les coups de marteau font du bien quand ils s’arrêtent, cet accord ne garantit en rien qu’ils vont vraiment s’arrêter.

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