Pierre de Gaétan NJIKAM est un pionnier dans la valorisation des diasporas africaines en France. Il milite pour la reconnaissance de ces acteurs essentiels au renouvellement des relations franco-africaines et, plus largement, à la promotion d’une « Afrique-monde ».
« Je vous fais part de ma décision de me porter candidat aux prochaines élections municipales en mars 2026 », a annoncé Pierre de Gaétan Njikam sur le réseau social Facebook.
Dans le même temps, il a quitté le groupe d’opposition à la mairie Bordeaux Ensemble, alliance du centre et de la droite à Bordeaux, lundi soir. Il ne renouvellera pas son adhésion à l’association politique et siégera au conseil municipal de façon indépendante.
« J’ai la conviction qu’il est temps de proposer une approche renouvelée, une véritable ouverture et un vaste rassemblement de toutes les forces vives de notre ville. Les Bordelaises et Bordelais expriment le besoin d’une offre politique plus volontariste, plus ambitieuse et plus innovante », écrit-il.
Les diasporas africaines semblent enfin recueillir l’attention qu’elles méritent, tant dans leurs pays d’accueil que d’origine. Comment expliquez-vous cette prise de conscience ?
PIERRE DE GAÉTAN NJIKAM : Cette double prise de conscience, heureuse au demeurant, résulte d’abord d’une vision réaliste : les diasporas africaines sont un fait de société, une réalité économique et d’investissement, des acteurs politiques, voire, ainsi que l’a révélé la gestion de la pandémie de la Covid-19 en Europe notamment, des personnes et des énergies utiles !
Bien plus, ces diasporas sont là, de mieux en mieux intégrées, installées pour une génération voire des générations, et ne reviendront pas de sitôt, ou ne repartiront pas, pour diverses raisons.
Du coup, la vraie question qui se pose pour les décideurs publics et privés actuels, dans les pays d’accueil comme dans ceux d’origine, c’est : comment tirer parti de cette frange de la population ? Pour les pays d’accueil, les représentants de la diaspora peuvent enrichir le dividende démographique et la diversité culturelle de la société, contribuer au dynamisme économique du pays et à celui de l’enseignement supérieur et de la recherche, et devenir des vecteurs d’influence, de développement et de rayonnement à l’international.
Quant aux pays d’origine, les diasporas sont aussi la manifestation de leur présence et de leur rayonnement dans le monde, mais surtout elles sont, et peuvent encore plus devenir, au-delà des actes de solidarité familiale et sociale, des actrices de leur développement économique grâce aux investissements dont elles sont capables.
Ces pays, à l’instar des pays dits « émergents » tels que la Chine, l’Inde ou la Turquie, ont besoin des compétences intellectuelles, de l’expertise, du relationnel et des réseaux de leurs diasporas pour accompagner leurs ambitions d’émergence économique, technologique et scientifique, ainsi que leur développement touristique, culturel et sanitaire, entre autres.
Valoriser les talents de la diaspora, c’est la vocation des JNDA. Pourquoi est-il si important de promouvoir ces talents ?
PIERRE DE GAÉTAN NJIKAM : Depuis leur création le 25 mai 2013, les JNDA portent la vision d’une Afrique comme continent-monde ; une Afrique plongée certes dans ses racines « continentales », mais aussi présente, reconnue et fière, à travers ses filles et fils descendants, dans le monde. Et les success-stories des membres de la diaspora dans des domaines aussi variés que l’entrepreneuriat, la finance, la politique, la santé, les arts et la culture ou encore le sport, donnent corps et sens à notre vision d’une Afrique debout dans sa relation avec le monde.
La valorisation de ces success-stories est essentielle, car elle constitue un levier d’espérance pour ces nouvelles générations nées en France et en Europe de parents originaires d’Afrique, mais également pour la jeunesse du continent.
Africa Forbes,
Entretien paru dans l’édition de Février I Mars 2023






